ZZ Top's First Album

1970

Warner

En cette année 1970 notre trio texan produit son premier album. Un disque emplit de blues. Un blues lourd, râpeux, voire incandescent. La guitare est tranchante et la rythmique carrée.

Ca démarre très fort avec “(Somebody Else Been) Shaking Your Tree”. Le jeu de Gibbons et de ses compères est déjà bien en place, créant la griffe qui fera la renommée du groupe par la suite. Le sujet de la chanson ? : les femmes. Le morceau suivant, “Brown Sugar”, blues puissant et rapide, évoque sans fard la prise de drogues. Gibbons y place un solo des plus torride.

La suite est tout aussi réjouissante : “Squank” déboule avec son groove d’enfer et une rythmique en béton. Morceau par ailleurs fort intéressant aussi bien au niveau musical que textuel où il est fait preuve d’humour (en argot le terme “squank” désignant la flatulence, mais il fait également allusion au son émis par la guitare quand le médiator frappe les cordes avec un angle particulier, technique qu’utilise énormément Gibbons). “Goin’ Down To Mexico” n’est pas en reste, de même que les superbes “Certified Blues” ou encore “Bedroom Thang”.

Bref, pour un premier essai, c’est diablement réussi et les amateurs de bon blues, alléchés, attendent le second opus avec le plus grand intérêt.

Rio Grande Mud

1972

Warner

1972 est une année importante pour nos trois sudistes. Après avoir assuré la première partie de plusieurs shows des Rolling Stones, ils sortent leur deuxième album. Après une première production, passée pratiquement inaperçue malgré son indéniable qualité, celle-ci allait les faire connaître d’un plus large public et mettre fin à leurs années de galère ponctuée d’innombrables concerts.

Ca débute très fort avec l’endiablé “Francine”, titre qui leur vaudra d’ailleurs un classement dans les charts. La suite est tout aussi alléchante et met en avant le talent des texans et surtout celui de Billy Gibbons dont le jeu de guitare illumine des titres comme “Just Got Paid “, “Koko Blue”, “Bar-B-Q” avec des soli lumineux et inspirés. L’instrumental “Apologies To Pearly “ permet de savourer le jeu parfait du groupe tandis qu’une autre facette plus calme est mise en valeur avec “Sure Got Cold After The Rain Fell” superbe ballade de plus de six minutes.

L’album se vendra bien, devenant disque d’or dans la durée. De nos jours certains titres sont encore joués sur scène comme “Just Got Paid” ce qui démontre la qualité intrinsèque de ce disque.

Tres Hombres

1973

Warner

En 1973 ZZ Top vient de sortir du lot grâce à deux albums aux racines apparentes. “Tres Hombres” va leur permettre de s’affirmer définitivement.

Créé sur la base d’un riff emprunté à l’icône John Lee Hooker, puis transporté par la basse de Dusty Hill et Frank Beard à la batterie, “La Grange” (du nom d'une maison de tolérance célébrissime au Texas) est le morceau qui fera mouche en propulsant l’album au sommet des charts américains. ZZ Top produit ici son meilleur album. Un album sentant bon le Sud profond, avec son whisky, ses bouges enfumés, ses femmes de petite vertue et ses bagarres viriles.

Le trio légendaire Gibbons, Hill, Beard, nous y délivre un blues brûlant, avec une guitare acérée et une voix à l'assurance bien marquée comme sur les légendaires "Jesus Left Chicago", "Waitin' Fot The Bus" ou "Have You Heard".

Mais les guitares savent aussi être lourdes et pesantes, plus dans l'esprit hard-boogie comme sur le mémorable "Beer Drinkers & Hell Raisers".

Les autres chansons n’étant pas en reste nous tenons donc là l’album essentiel du ZZ Top “classique”.

Tejas

1976

Warner

Cet album a souffert d’avoir succédé au superbe “Tres hombres” et a pâti de la comparaison.

C’est fort dommage, car dans les dix chansons qui le composent le groove du groupe et bel et bien présent dans un style assez classique entre boogie, blues, rock ou folk selon les plages.

On retrouve toujours ces riffs simples mais qui surprennent toujours l’auditeur. “It’s only love” est un titre entraînant, avec un refrain simple et immédiat, tout comme “She’s a heartbreaker” d’ailleurs.

Tous les titres sont assez rythmés, avec chacun un groove particulier et des parties de guitares délicatement ciselées (comme dans “El diablo” ou “Arrested for driving while blind”).

Le dernier titre, “Asleep in the desert”, un instrumental hispanisant, calme et inattendu, surprend de prime abord, mais s’intègre totalement dans la structure de l’album.

Deguello

1979

Warner

C’est sous une pochette d’une laideur affligeant que sort le cinquième album. Heureusement la musique, elle, ne l’est pas.

L’entrée en matière est fort paisible avec “I Thank You”, mid-tempo blues-rock des plus réussi avec un magnifique refrain. S’ensuit “She Loves My Automobile”, parsemé de cuivres, qui permet à Gibbons de placer un de ces solos dont il a le secret. Avec “I’m Bad, I’m Nationwide” le riff se durcit, accélèrant la cadence au fur et à mesure. Les choses redeviennent plus paisibles avec le superbe blues “Fool For Your Stockings “», où Billy fait preuve de tout son feeling.

Le reste de l’album est de la même trempe, alternant entre blues bien frappé “Dust My Broom” et le très catchy et groovy “Cheap Sunglasses” (qui fait depuis partie des classiques du groupe).

Citons, enfin, "Lowdown in the street", et "Hi-Fi mama", le titre le plus remuant de l'album, renforcé par de magnifiques cuivres.

Seul (tout petit) déchet de l’album “Manic Mechanic”. Une chanson étrange, avec une voix des plus curieuse, un peu déjantée, et des guitares très light, qui n’apporte rien à l’ensemble.

Ce disque marque la fin de la période “classique” de ZZ Top. Après cela ce sera une toute autre histoire...